111 FILMS INCONTOURNABLES

Je suis accro aux films et aux séries TV. Accro.

A tel point que je ne passe pas une seule journée sans parler d’un truc que j’ai vu à la télé durant la semaine ou bien tout simplement d’un film découvert en 1995. Sans déconner, 20 ans. J’ai donc ce tic qui fait que presque tout ce qui m’arrive ou que je vois dans la vraie vie me rappelle une scène que j’ai vu à l’écran et il faut absolument que je la raconte, c’est plus fort que moi. C’est un tic qui ne risque pas de disparaître en plus, vu que plus les années passent, plus j’ai d’images dans mon memory-stick cranien à comparer à ce qui m’entoure.

J’ai beau y mettre toute l’émotion du monde, faire les voix, décrire chaque détail tel l’Emile Zola du septième art, écouter un bout d’un film qu’on a pas vu, ça doit pas être si marrant. Je dirais même plus que je trouve ça assez irritant quand les autres le font.

Pourquoi est-ce qu’il me raconte le film pendant dix minutes au lieu de me conseiller de le voir sans le gacher??

Et s’ils se mettent à donner des détails sur la fin, ouhlala, je ne réponds plus! Malgré tout, le soir même, la curiosité s’empare de moi et me voilà les yeux rivés sur l’écran, prête à dévorer n’importe quel film de série B à la 4 garçons plein d’avenir.

Eh bien, même si je ne cautionne pas ce comportement chez les autres, j’y peux rien, c’est plus fort que moi! Il faut que je partage; d’abord la scène en question, et ensuite le film.

Comment ça t’as pas vu Misery?!

Et hop, le soir même, (bis), non seulement je le montre, mais je le revois. Accro je vous dit.

C’est pour ça que j’ai décidé de vous faire une petite liste des 111 films à voir absolument selon moi, et que je pourrais ensuite vous citer et décrire en détail, et sur lesquels je vous ferez des quiz sympas pour être sûre que vous les ayez vraiment vu! Je plaisante (un peu). Les voici donc par ordre alphabétique (hors dessins-animés) dans leur langue originale; je serais incapable de les mettre par ordre de préférence, mais j’ai quand même mis une étoile devant mon Top 3.

111 FILMS INCONTOURNABLES DU CINEMA

111 films

Petit bonus! 4 recommandations du cinéma colombien:

  • Maria, llena eres de gracia (2004)
  • Los colores de la montaña (2010)
  • La cara oculta (2011, film colombo-espagnol)
  • Saluda al diablo de mi parte (2011)

Réflexion d’un mouchoir de poche

C’est en redécouvrant les joies du rhume, de la respiration peineuse par la bouche et de la vision brumeuse causée par la fièvre, que je me suis mise à penser à l’hypocrisie du fameux “bien, merci”. Il me semble d’autant plus important d’en parler vu qu’ici, en Colombie, les conversations s’éternisent dans un premier temps par politesse et se terminent par le même va-et-vient de propos cérémonieux à la mord-moi le nœud. (J’adore cette expression !) Bref, environ 10 minutes de perdues par conversation, un peu irritant des fois, et d’autant plus si l’on a envie de faire quelque chose de sa journée. Pourtant, les paragraphes qui suivent peuvent s’appliquer de la même manière à la plupart des pays d’Europe et d’Amérique.

Quand on nous demande notre état de santé, que ce soit par habitude, par politesse ou par obligation sociale, il est rare que l’on réponde autre chose que “bien, merci”. Peut-être par pudeur, mécanisme ou pour éviter à l’autre de s’éterniser sur notre petite personne en nous plaignant ou peut-être bien même pour toutes ces raisons à la fois.

Il est certain et surement naturel de ne pas se livrer à un inconnu au téléphone ou à toute personne avec laquelle on n’a pas une relation personnelle. Une réponse de type “pas bien du tout, merci” pourrait paraître agressive, bien qu’on ne fasse que dire la vérité et remercier notre interlocuteur de son intérêt. Un simple “non” en réponse à un “ça va?” pourrait sembler froid, or c’est peut-être la meilleure manière d’éviter le sujet, du moins bien mieux qu’un “non, non… mais je préfère ne pas en parler” qui selon moi est la réponse typiquement pseudo-énigmatique de l’individu qui souhaite que l’on s’intéresse à lui. Un peu comme l’enfantin “j’ai un secret mais je ne te dirais pas ce que c’est”, lancé avec malice par un môme en manque d’attention ou un adulte qui n’a pas trouvé de manière plus puéril de “punir” son interlocuteur.

Bref, quoi qu’il en soit, j’ai réalisé que j’employait le “bien, merci” plus frivolement que s’il s’agissait d’ouvrir son parapluie un jour de pluie. Or, lorsqu’on a le teint terne, les yeux bouffis et que notre voix a muée façon Jeanne Moreau, le mensonge est évident. Il m’arrive parfois de répondre à un ami que tout va bien avant d’entamer une discussion, puis de me rendre compte, une fois le téléphone raccroché, que non, ca n’est pas la grande forme et que je n’avais aucune raison de lui faire croire le contraire… S’en suit bien souvent un message assez ridicule disant que, si je reste bien campée sur mes positions concernant la médiocrité du film vu la semaine dernière au cinéma (n’importe quel film avec Adam Sandler), non, je ne suis en réalité pas bien du tout.

Il s’agirait donc de trouver un équilibre entre mensonge et vérité, pudeur et plainte et ce, que l’on soit malade, en deuil ou en dépression post-partum. Est-ce qu’on devrait au contraire exposer notre bonheur à qui veut l’entendre quelque soit la condition de l’autre personne? Je veux dire par là, est-il malsain de dire qu’on est bien, très bien, plein de vie et heureux comme jamais, sans même savoir si l’autre est entrain de traverser une étape douloureuse de sa vie? C’est peut-être bien à ce moment-là qu’on le contraint sans le vouloir à répondre un “bien, merci” plus faux qu’une pièce de trois euros.

Pourtant, il faut bien l’avouer, quand la vie nous sourit il est parfois assez difficile de le garder pour soi. Cette envie de danser, de crier à pleins poumons, de rire à s’en briser la voix, n’est-elle pas déjà assez bridée par nos codes sociaux qui veulent que l’on garde pour nous-même nos émotions les plus positives?

Je souhaite prendre une résolution. Je dis “je le souhaite”, parce que je n’ai pas pour habitude d’en prendre au risque de me décevoir moi-même si je ne les tiens pas. (Pas bête la fille !) Dorénavant et dans la mesure du possible, j’essaierais tout d’abord d’être la première personne à poser la question du comment-vas-tu. Ainsi, le ton est donné par mon interlocuteur et c’est à lui de choisir de quelle manière me répondre; sincère, brève, automatique, peu importe. Par conséquent, à part dans le cas de l’annonce d’une triste nouvelle ou une voix tremblotante qui m’en dissuaderai, je répondrai à mon tour que…euh… “bien, merci”.

Oui, je le sais, ça n’est ni original ni la meilleure conclusion que l’on pouvait tirer de cette réflexion. Mais, après tout, si je voulais raconter mon stade grippal en détail, ce n’est pas non plus ici que je le ferais. Pour ça, il reste encore les médecins et certains amis qui, après un débat passionnant sur les bienfaits constatés du Feng-shui en Orient, recevront un message leur proposant gentiment de passer à la pharmacie m’acheter des médicaments.

Soyons honnêtes : personne ne le sera de peur d’être pris pour un goujat.

J’oubliais presque de demander ; et vous, comment-allez-vous ?

ciel

Suite à mes nombreux voyages, j’ai trouvé que la manière la plus « honnête » (j’insiste sur les guillemets) d’entamer une conversation était la thaïlandaise. Le « ça va ? » se dit « où vas-tu ? », ce qui peut paraître un peu étrange lorsqu’on arrive quelque part et que l’on ne bouge pas, certes, mais après tout, on finit toujours par aller quelque part non ? Le « où vas-tu ? » propose une superbe alternative à une question dont on se fout royalement de la réponse ; là on n’essaye même pas, c’est fabuleux ! Et pour ceux qui se poseraient la question, la réponse est du même style que le « bien, merci », soit une manière de vite en finir avec le « small talk ». Il s’agit de « je vais manger du riz » dans sa traduction littérale, soit « je vais manger ». On pourrait peut-être transposer ça chez nous non ?

-Salut, tu vas où ?

-Je vais manger !

-Super ! Alors, cette mammographie?

…Je vous laisse méditer.

Tu recuerdo sabe a lulo

Despojada de tu boca,
Se marchita silenciosa,
La flor de mis amores
Que con tus besos renació.

Como una fruta corrompida,
Voy amarga y sin vida,
Envenenada de pasiones
Que tu presencia me dio.

Tu recuerdo sabe a lulo y se pinta de colores,
De amarillo azul y rojo, perfumado como flores.

Que bonitos serán el cielo,
Y todo lo que yo anhelo,
Cuando de nubes se despejen
Porque tu mano me darás.

Serás tierra mar y fuego,
Para mí mi mundo entero,
Y las personas que se amen
No han por qué temer más.

Tu recuerdo sabe a lulo y se pinta de colores,
De amarillo azul y rojo, y de negro dolores.

NelliNella (2012)

GyYo2011

23/07/11

Charade

Il y a des jours où l’on cherche l’inspiration dans tout ce qui nous entoure.

Dans la ligne parfaite d’un rebord de feuille vierge, dans les imperfections d’un mur en crépis, dans le dessin géométrique formé par un halo de lumière ou dans l’odeur des pages d’un livre que tant de gens ont lu avant nous.On peut ouvrir ce livre et y découvrir une odeur familière, celle d’un gâteau qu’on nous faisait dans notre enfance quelque part, loin, là où l’on ne va plus. On peut ressentir ce frisson qui nous prend lorsqu’au contraire on inspire quelque chose venant d’un étranger; l’odeur singulière qu’un parfum commun prend sur une certaine peau, celle qui, lorsqu’on la ressent dernière soi nous permet de savoir qu’un inconnu se tient derrière nous, qu’il est à notre portée mais que justement, non, nous ne retournerons pas. Parfois il vaut mieux ne pas connaître ce qui mérite d’être connu si l’on ne veut pas qu’il en perde de sa valeur. On se souvient longtemps des choses a côtés desquelles on est passé et si peu de celles que l’on a aimé, que l’on a pu toucher du doigt une vie, un an, ne serait-ce que quelques instants…

Et puis, il y a des jours comme ça où l’on ne sait pas ce qui nous pousse à réfléchir ou à écrire mais on le fait; tout ce dont on est certain c’est qu’il nous le faut. Alors presque machinalement on laisse nos doigts parcourir les touches par eux-mêmes, exactement comme on laissait la bille de stylo parcourir une page blanche et la noircir de cette écriture si peu parfaite et tellement notre. J’écris, par besoin bien plus que par envie et je me dis; que penserais-je de moi? Que penserait de moi l’enfant que j’étais si elle me voyait aujourd’hui? Parce qu’on se rappelle bien trop souvent des choses sans importance.

Oui, je voulais être femme pompier et éteindre des immeubles en flammes, vétérinaire en Afrique et repérer des lions blessés par hélicoptère, chirurgien-cardiologue et opérer des gens à coeur ouvert… Mais ce n’est pas ça qui me fait moi. Si c’était le cas, que d’échecs! Que de désillusions vivrait cette petite fille qui ne voulait jamais grandir et devenir une femme! J’imagine que, ce qui me fait moi, ce n’est pas ce que je n’ai pas fait, ou été, mais plutôt qui je suis ou ne suis pas.

Je ne suis pas quelqu’un de patient ni quelqu’un trop sûr de soi. Je ne suis pas quelqu’un qui prend des décisions simples, à croire que je les aime compliquées. Je ne suis pas une féministe, une athlète, une artiste, une femme qui pense sincèrement pouvoir changer le monde. On m’a dit une fois que ce qui comptait dans la vie ce n’était pas de marquer tous les esprits ni d’avoir son nom sur un livre d’Histoire, mais de marquer un esprit, un jour, un bref instant, par petites doses, parce qu’après tout ces esprits là ne sont pas plus célèbres ni plus indispensables que nous et c’est bien la leur valeur.

Il suffit parfois d’un mot, d’un sourire, d’une grimace, d’une maladresse, pour marquer quelqu’un à jamais. On aime bien plus les gens pour leurs défauts et leurs singularités que pour ce qu’ils ont d’autre à offrir. Cette petite cicatrice, là, sur le doigt, cette façon de prononcer une lettre en l’aspirant, ce tapotement nerveux du pied, cette mèche rebelle, cette manie de regrouper ses aliments dans son assiette, ce claquement de langue que l’on trouve irritant, cette manière de rire, d’éviter le regard, de changer de conversation, de monter au créneau, de fuir, de pleurer, de vivre.

Ça. Ça c’est que l’on retient des personnes qui sont passées dans notre vie. On oublie le mois, l’année, on oublie le temps qu’il faisait. Mais on n’oublie pas Ça. Alors, à part tout ce que je ne suis pas, que suis-je, qui suis-je?… Je pourrais toujours tenter de trouver une réponse, je crois que seuls ceux qui m’ont connu la détiennent. Mais jouons donc, comme autrefois, aux devinettes!

Mon premier…

Mon premier est quelqu’un qui aime rire; rire à s’en décrocher la mâchoire, à en pleurer, à en faire retourner les passants et offusquer les mémés.

Mon deuxième est quelqu’un qui va toujours de l’avant bien que difficilement. C’est une personne qui vit pleinement, qui souffre pleinement et qui, on ne sait comment, s’en sort toujours.

Mon troisième est quelqu’un d’ambitieux, quelqu’un qui ne se crée pas des rêves mais qui en a, et qui y croit. Quelqu’un qui pourtant ne mets pas toujours toutes les chances de son côté pour les réaliser ;

Mon quatrième est un pitre, un vrai clown de cirque. C’est quelqu’un qui se sent différent de la plupart des gens, qui se trouve fou, bizarre, incompris et surtout qui le vit bien.

Mon cinquième est une aventurière, une guerrière en lutte permanente avec elle-même, qui aime se surprendre et faire des paris fous; qui les regrette, les revendique, se rend compte qu’ils la construisent.

Mon sixième est une sentimentale, une fille fragile, une plante fraîchement déracinée, qui respire encore parce qu’on la tient, la protège, la trouve jolie, mais qui peut osciller avec le moindre coup de vent et se flétrir doucement, en se demandant pourquoi on l’a cueillit alors qu’elle était pleine de vie, si ce n’était que pour l’oublier dans un vase ébréché.

Mon tout… et bien mon tout je crois que c’est moi. J’espère toutefois que la gamine dans sa robe gitane à poix serait fière de ce qu’elle voit.

NelliNella 1 an

10 endroits à visiter en Colombie (PARTIE 2)

Paila, sers-moi des oeufs aux chicharrones et papitas criollas

Me voilà en Colombie depuis 1 an et demi, et le processus de colombianisation va bon train. Pas la colombianisation dans le sens politique du terme bien sûr, (sens que je viens de trouver dans un dictionnaire s’entend), mais comme changement et adaptation culturelle.

Elle commence souvent par l’incorporation de vocabulaire spécifiquement colombien dans le français de tous les jours, jusqu’à parfois aboutir à un fragnol assumé. Dans mon cas, étant bilingue français-espagnol, je ne l’ai pas plus ressenti que ça puisque je « fragnolise » la plupart du temps avec mes parents et que je parle espagnol avec G., mon copain colombien. Sauf au moment où je vais dire un mot typiquement d’ici au lieu de castillan. Et presque à chaque fois, en même temps que j’en rigole, c’est comme si mon identité en prenait un coup. Le premier carro au lieu de coche qui surgit naturellement et pas juste dans un soucis de se faire comprendre… Les expressions qui viennent toutes seules où je me surprend à penser « mais comment diâââble dirais-je cela normalement? » du type paila, rien à voir avec la paella, ou qué pena, à traduire « tant pis, laisse tomber » et « désolé »…

Pourtant, c’est normal pour un étranger dans un pays ou même dans une ville (passons les 5 ans où j’ai vécut à Saint-Etienne et j’ai chopé un accent » stéphanoâ » pas classe du tout), de commencer à parler d’une certaine façon, avec un certain accent et certains termes pour faciliter la communication dans un premier temps, puis à s’y habituer jusqu’à se l’approprier complètement. Mais c’est parfois un peu mal vu. On dirait que l’on renie d’où l’on vient, qu’on se perd un peu dans cette nouvelle masse. Ici, Shakira a été tellement critiquée parce qu’elle a castillanisé son espagnol depuis qu’elle vit à Madrid! Les colombiens ont tout de suite commencé à dire qu’elle faisait exprès de parler comme ça, qu’elle crachait sur ses racines… Et c’est pas évident, elle ne sera jamais complètement considérée comme une espagnole en Espagne et les colombiens pensent qu’elle se renie comme colombienne. Elle devrait pouvoir jouir simplement de deux cultures, des deux cultures de son fils, elle qui de toutes manières a toujours revendiqué être bi-culturelle, colombienne et libanaise. Mais ça ici, les gens n’en parlent pas. Elle était barranquillera, un point c’est tout. Ça a toujours été la même chose pour moi; l’espagnole en France, la française en Espagne, et ici, euh, probablement un peu des deux.

J’aimerais bien voir ce que ça va être quand James Rodriguez va s’espagnoliser à son tour. Je ne sais pas si les gens commencerons à se rendre compte de la banalité du phénomène, s’ils le critiqueront aussi (j’en doute fortement), ou s’ils le laisseront en paix, parce que, bon, c’est James, quoi.

Pourtant, on peut tenter de lutter à corps et âme ça vient tout seul. Paila. Mon accent ici est une sorte d’espagnol fortement atténué avec un twist latino, plus chantant, plus mieleux. Mes « j » se rapprochent plus du « h » et mes consonnes sont globalement moins dures. C’est devenu la base de mon espagnol, je peux la colombianiser ou l’espagnoliser selon mon interlocuteur, mais elle est devenue ma langue ici. Mon espagnol est passé, au cours de mes vingt-cinq années, par de l’andalou, du madrilène, du mexicain, du portoricain jusqu’à du colombien. C’est presque un miracle que je ne parle pas un truc casi-incompréhensible…

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La colombianisation culturelle ne s’arrête pas à la langue. Elle touche des habitudes quotidiennes,  ces différences d’avec la France qu’on remarquais tant au début et qui finissent par nous sembler normales. C’est lors du retour aux sources qu’on se rends compte; l’hymne national ne passe pas à la radio deux fois par jour dans tous les pays, c’est vrai, et ah, c’est fou ce que le feu semble long quand on doit attendre gentiment que le bonhomme passe au vert avant de traverser la rue comme tout le monde.

Une des choses auxquelles on finit aussi par s’habituer, c’est la nourriture. Et pas seulement aux nouveaux fruits, (exotique le lulo? j’ai du lulo quand je veux moi, je suis une dingue) et aux spécialités locales, mais aussi aux habitudes alimentaires: je ne demande jamais de l’eau dans un restaurant, alors qu’en principe je préfère largement boire de l’eau pour ne pas modifier le goût de ce que je mange. Bon, ok, pas aux apéros mais ça c’est pas le sujet.

409680_10151117795887603_551531671_n(Une lulada: cocktail alcoolisé au lulo. Une tuerie.)

Non, demander de l’eau plate au restaurant, ça paraîtrait étrange. Pourquoi de l’eau alors qu’il y a tellement de jus de fruits et de boissons gazeuses? Oui, j’ai aussi pris l’habitude de ne pas m’étonner qu’on boive du jus de fruit pendant le déjeuner/dîner et ça m’arrive parfois d’en prendre moi-même. Mais pour en revenir à l’eau, je me souviens de ma deuxième semaine de stage dans une entreprise colombienne exportatrice de café, quand ma collègue, passé la première semaine de conversations purement cordiales, m’avait demandé si je buvais de l’eau au bureau parce que j’avais la gueule de bois. Impossible de lui faire comprendre l’histoire de l’hydratation, du litre et demi de flotte par jour; l’organisme colombien ne semble pas avoir ce besoin primaire. Au pays du café, pourquoi demander un verre d’eau quand on peut demander un tinto? J’ai dû passer pour une véritable alcoolique.

Peu à peu, ma consommation d’eau est descendu à en moyenne une petite bouteille d’eau par jour, et ce n’est pas le seul grand progrès que les habitudes de ce pays ont eu sur ma santé: manger du riz ET des pommes de terres, ça ne me choque plus du tout. Un bon plat ici, ça contient un max de féculents et quelques portions de viande avec salade ou avocat. Adieu mon niveau élevé de calcium dû à ma passion pour le fromage, et plus ça pue mieux c’est; ici avant le dessert, il y a des fruits, et… encore des fruits. Les petits déjeuners, bien à l’américaine, ne se prennent pas avec des toasts beurrés et des croissants, mais avec des oeufs brouillés la plupart du temps, des omelettes quelques fois, ou des oeufs au plat plus rarement. Si je petit-déjeune avec G., je m’enfile deux oeufs au fromage-jambon-bacon avant 10 heures du matin, comme si c’était normal. Je fais en général ça une fois par semaine, parce que je n’ai même pas l’habitude de manger le matin mais imaginez un peu les niveaux de cholestérol de ceux qui font ça tous les matins avant de partir au boulot: 14 oeufs par semaine par personne (sans compter que certains plats typiques du midi contiennent un oeuf au plat) ça doit faire un paquet d’artères bouchées avant la quarantaine! Pourtant, on s’habitue à ce que, plus c’est riche, et gras, et forcément mauvais pour la santé, plus c’est bon. Franchement, des chicharrones (couenne de porc grillée pleine de gras ou plutôt bon gros bout de gras avec un peu de couenne), on en voudrait en veux-tu en voilà, non? (Si.)

Bref, une de mes révélations sur ma propre colombianisation a eu lieu il y a moins de dix jours lors d’un voyage en Uruguay avec G. Nous étions invités à une sorte d’apéritif dînatoire auquel assistait des gens de différents pays, (verres de rouges et plats de viandes de boeuf, de porc et de poulet), sur lesquels tout le monde (non, pas tout le monde, les invités colombiens et moi-même), s’acharnait comme si il n’avait pas vu un steak de sa vie. La viande était bonne, très bonne, mais… Ma culturisation colombienne prenant les devants et les yeux flous (à cause de la faim hein, pas du vin) et la salive au coin des lèvres, je dis à G., « tu t’imagines cette viande, avec des papitas criollas« ! Les papas criollas se sont des petites pommes de terres rondes tirant sur le jaune délicieusement salées qui accompagnent souvent les plats de viandes. G. me rétorqua, « oui, mais avec du guacamole pour les tremper dedans » et ce n’était même pas la peine parce que, dans mon esprit et même avant qu’il le dise, j’avais une image de papas criollas à la peau reluisante servies près d’un grand bol de guacamole me reluquant du coin de l’oeil… Mmmm… Bref, je n’avais pas pensé à des merguez ou des chipolatas, ni même à des frites ou des pommes de terres au four et au beurre bien français qui auraient pourtant parfaitement accompagné ce type de repas. Non, j’avais pensé à la papa criolla

C’est donc avec une faim on ne peut plus colombienne au ventre que je termine mon article, et pour ne pas vous laisser sur la votre, voici une photo d’un plat typique du département de Santander: un poulet aux fourmis « gros cul », (hormigas culonas), je vous le jure, avec sa sauce à la fourmis. Ça vous tente hein? Désolée, j’ai touuuut mangé!

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Et bon appétit bien sûr.

10 endroits à visiter en Colombie (PARTIE 1)

 

Toutes les photos m’appartiennent et ont été prises durant ces trois dernières années.

Alors, toujours pas tentés?